Installation du Conseil municipal le 28 mai 2020 - AUCH2020

Le texte intégral de notre intervention

Plus de deux mois après le scrutin du 15 mars, nous avions hâte, jeunes élus du Temps des Citoyens, que ce nouveau Conseil municipal soit officiellement mis en place, dans sa totalité.

Il va enfin pouvoir exercer pleinement ses compétences et porter clairement ses actions.

Pourtant, nous le vivons tous, les circonstances qui nous amènent ici aujourd’hui ont été, et sont toujours de l’ordre de l’exceptionnel.

Deux faits majeurs marquent cette installation.

D’abord, ces circonstances exceptionnelles ont conduit une large majorité d’Auscitains, 2 électeurs sur 3, à ne pas se déplacer, comme une grande partie des Français. Non pas par manque de civisme ou d’intérêt, mais uniquement suite à des annonces confuses, alarmistes et décourageantes de l’ensemble des responsables politiques et scientifiques nationaux.

Le deuxième fait majeur, c’est que nous avons tous pensé un projet à un moment où cette crise ne s’était pas encore abattue sur nous.

A moins de considérer qu’il ne s’est rien passé, il serait illusoire de ne s’en tenir qu’à des projets conçus avant la crise.

Dès lors, à la lumière de ces deux faits, comment construire un après crise qui tienne compte de ces conditions bouleversées et en adéquation avec les nouveaux défis qui s’imposent désormais ?

Chacun conviendra ici que ce monde d’après ne pourra pas ressembler au monde d’avant. Cette crise confirme l’urgence des grandes transitions à accomplir, qu’elles soient écologiques, économiques, sociales ou démocratiques. Cette volonté est largement partagée par nos concitoyens.

C’est pourquoi il nous semble nécessaire que notre conseil municipal intègre, dans toutes ses actions, des engagements de prise de décision fortement citoyenne et favorisant toutes ces transitions. C’est ce à quoi nous vous proposons de travailler pendant toute la durée du mandat, dans la coopération permanente, constructive et avec l’ensemble des Auscitains. Cette coopération sera d’ailleurs dans le prolongement des échanges que nous avons pu avoir pendant le confinement et dont nous vous remercions.

En particulier, de nombreuses associations et organisations collectives sont présentes dans notre ville et notre département, il nous semble indispensable de préparer ces prochaines étapes avec elles, et de prendre en compte leur pratique du terrain et leur connaissance des Auscitains. C’est ce que nous ferons aux côtés de celles et ceux avec qui nous avons tissé des liens pendant ces derniers mois.

La santé et la protection devront être au cœur de l’action municipale, pas seulement pour gérer la crise actuelle, mais pour renforcer un système de soins global, de la médecine de ville à l’hôpital, de la prévention au traitement des pathologies les plus lourdes. Cette crise sanitaire a révélé les besoins criants dans ce domaine. Il faut apporter une réponse à la hauteur des enjeux.

L’avenir de notre économie locale et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Il faudra aussi probablement miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans notre territoire et impulser un nouveau modèle de développement.

Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées notamment à la destruction accélérée des habitats sauvages. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger est essentielle. Il faut donner toute sa place à la nature et mettre en œuvre de façon stricte sur l’ensemble du territoire des politiques visant au « zéro artificialisation nette », à la réduction des pesticides, à une production alimentaire locale issue de pratiques agroécologiques et à la protection de la biodiversité.

Dans les années à venir, le réchauffement climatique va impacter fortement notre cité, il faut s’y préparer, l’anticiper. Nous devrons gérer de nouvelles crises et de nouveaux risques.

Notre soutien public à cette transition écologique locale est crucial. Elle suppose le déploiement de projets collectifs d’énergies renouvelables, l’application d’un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, des modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, la baisse du trafic routier, l’isolation des logements et la lutte contre les îlots de chaleur par la végétalisation des espaces publics.

Toutes ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. Il est impératif de faire progresser la participation des citoyens aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux.

Pour ce faire, nous devons créer les conditions d’une appropriation par tous de ces nouvelles pratiques démocratiques, par un accès fondamental à l’éducation, à la culture et à l’information.

L’essentiel des orientations que nous venons d’évoquer sont directement inspirées d’une tribune du 14 mai, « au cœur de la crise, construisons l’avenir », co-signée par Olivier Faure, Carole Delga, Philippe Martin, Johanna Rolland, Yannick Jadot, Cécile Duflot, Ian Brossat, Pierre Laurent, Bernard Thibaut, Julia Cagé, Dominique Meda, Thomas Piketty, et plus modestement par les élu.e.s du « Temps des Citoyens », Marie-Pierre Desbons, Julie Ribet, Areski Prieux.

Parce qu’il n’y aura pas de résolution à la crise d’aujourd’hui avec les solutions d’hier ou le repli sur soi, nous vous proposons de travailler dans la coopération, pour faire émerger des initiatives locales, portées par des délibérations collectives, valorisant davantage les associations, les entreprises, les citoyens et leurs compétences.

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