Comme nous l’avions précisé lors du Débat d’Orientation Budgétaire, notre propos n’est pas de remettre en question les projets que vous avez exposés car ils répondent en partie à l’amélioration du cadre de vie.
En revanche, nous ne voyons pas, dans ce budget, un certain nombre d’investissements durables et structurants qui pourraient nous permettre, dans l’avenir, de surmonter ou d’éviter des crises environnementales, sanitaires, économiques ou sociales. Vous avez d’ailleurs souligné, en préambule, les risques liés à une chute de l’investissement public local.
Lors de nos échanges en commission, on nous a indiqué que des investissements supplémentaires se traduiraient forcément par de la dette, qui serait un héritage empoisonné pour les générations futures.
La réalité, c’est que ce raisonnement est le même que celui qui a conduit, par exemple, les gouvernements successifs à ne pas consacrer 10 milliards d’euros à la rénovation et à la performance de notre système hospitalier. Le résultat, c’est que, pour avoir voulu économiser 10 milliards et ne pas générer un supplément de dette, on se retrouve à devoir financer un plan d’aides de plus de 100 milliards, au minimum. Nous sommes, aujourd’hui, les héritiers de ces choix passés, ou plutôt de ces non choix, et la facture est 10 fois plus élevée que ce qu’elle aurait dû être.
Et il n’y a pas que le domaine de la santé qui est concerné.
Cela fait 50 ans que les alertes sur le climat et la biodiversité sont lancées : les causes et les conséquences sont bien connues. On sait parfaitement qu’il faut produire et consommer autrement. Nous sommes en train de vivre une situation cataclysmique, sans précédent, qui devrait nous conduire à réagir en conséquence.
Je vais de nouveau évoquer le sujet de la production électrique locale.
Nous sommes plusieurs, dans ce conseil municipal, à préconiser la production locale d’énergie renouvelable, non seulement pour des raisons écologiques mais aussi pour des raisons financières.
Nous avons constaté, en commission, que la facture globale d’électricité ne diminue pas dans notre budget, alors que nous investissons, à juste titre, dans des équipements moins énergivores et dans des rénovations thermiques. La raison principale de cette absence de gain financier est l’augmentation permanente des tarifs de l’électricité. En effet, en 10 ans, ils ont augmenté d’environ 40%. Et tout indique qu’ils vont continuer à augmenter de manière significative. Il y a donc un véritable sujet sur les tarifs auxquels nous achetons l’électricité.
C’est pourquoi une solution à ce problème est la production locale et citoyenne d’énergie. D’une part, parce que c’est l’unique moyen de maîtriser les tarifs, ce qui sera une source d’économie sur la durée, et d’autre part parce qu’il a été calculé par l’ADEME que 1€ investi dans la production locale d’énergie génère en moyenne 3 € de revenu pour le territoire. Donc un bilan positif. De plus en plus de collectivités se lancent dans de tels projets, parce qu’elles ont bien compris ce calcul, parce que les taux d’intérêt sont particulièrement bas, et parce qu’il y a de fortes incitations financières pour ce type d’investissement.
La même logique peut s’appliquer à la production alimentaire.
Bien que le Gers soit le 1er département bio et agricole de France, nous importons plus de 90% de notre alimentation. Or, sur le territoire du Grand Auch, 15000 ha pourraient assurer en grande partie notre consommation, sachant que 40000 ha agricoles existent. L’acquisition foncière agricole est un levier puissant sur le plan écologique, sur le plan économique car il est créateur d’emplois, et il nous préserve de la spéculation sur un bien commun essentiel.
Les 2 autres sujets que nous rappellerons à l’occasion de tous les conseils municipaux sont l’hôpital et le train. Ils se trouvent à Auch, mais ils concernent tout le département.
L’histoire politique dit qu’il y a 40 ans, les élus de l’époque ont refusé d’investir dans une 2×2 voies vers Toulouse, alors que c’était le moment, et que toutes les autres préfectures de Midi-Pyrénées l’avaient fait. On voit à quel point ce choix nous coûte cher aujourd’hui.
Alors, est-ce que nous serons la génération d’élus qui va laisser passer le train de la transition écologique et de la sécurité sanitaire et sociale ?
Est-ce que nous pouvons différer des investissements qui vont déterminer notre avenir, avec comme souci principal un taux d’endettement faible ?
Vous le savez bien, on peut renégocier ou aménager une dette, c’est d’ailleurs ce que font régulièrement les financiers. En revanche, on ne peut pas négocier avec le réchauffement climatique pour qu’il ralentisse, on ne peut pas signer un traité de non agression avec les virus. Et eux, ils nous font payer très cher leur facture, en centaines de milliers de morts, et en centaines de milliards d’euros.
Parce que ces projets essentiels de transformation écologique et sociale n’apparaissent pas dans ce budget, les élus du Temps des Citoyens ont décidé de s’abstenir, tout en souhaitant, plus que jamais, travailler en commun au sein de ce conseil municipal pour faire avancer toutes les initiatives dans l’intérêt de notre ville.